Les plantes et leurs cultures au travers du temps

Cueillette Jeanrichard Boveresse

De cette douzaine de plantes nécessaires à l’élaboration de la véritable «fée verte», cinq ont été cultivées intensivement au XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe siècle dans le Val-de-Travers (près de 60 ha).

La culture de l’absinthe occupe à Boveresse une étendue de terrain de 25 à 30 hectares. Le village vit uniquement de cette culture. L’absinthe qu’on récolte à Boveresse est la plus estimée des distillateurs. La plupart des plantes qui entrent dans la composition de l’extrait d’absinthe ne réussissent nul par aussi bien qu’au Val-de-Travers. La température moins élevée que dans d’autres lieux et la fraîcheur des eaux, si propre à favoriser la distillation, sont autant d’avantages naturels, très favorable au degré de perfection de cette liqueur (Charles-Henri Allamand, statistiques de la châtellenie du Val-de-Travers, 1836).

Le voyageur qui parcourt en été le Val-de-Travers, remarque avec étonnement, ses moissons bleuâtres qui forment autour des villages, une ceinture parfumée.

La moitié de la culture de la plante d’absinthe se trouvait dans la commune de Boveresse et cette culture occupait dans l’ensemble du Val-de-Travers  près de 600 personnes (Edmond Couleru, Au Pays de l’absinthe, 1908).

Plantes cultivées au Val-de-Travers (liste non exhaustive)

  • La grande absinthe (Artemisia absinthium);

    Artemisia Absinthium – Source: Wikipedia

  • la petite absinthe (Artemisia pontica);
  • l’hysope (Hyssopus officinalis);
  • la mélisse ou céline ou citronelle (Melissa officinalis);
  • la menthe poivrée ou anglaise (Mentha piperita);

Plantes importées des pays méditerranéens, proche et moyen-orientaux

  • l’anis vert (Pimpinella anisum), la badiane ou anis étoilé ou anis de la Chine (Illicium verum);
  • la coriandre (Coriandrum sativum);
  • la tanaisie commune (Chrysanthemum vulgare);
  • le fenouil commun (Foeniculum vulgare);
  • l’angélique officinale (Angelica archangelica).

A travers le temps

Déjà en 1836, un chroniqueur régional observait que «la plupart des plantes qui entrent dans sa composition (celle de l’extrait d’absinthe) ne réussissent nulle part aussi bien qu’ici» (au Val-de-Travers).

En 1864, un autre mémorialiste relevait : «On reconnut que le sol était admirablement approprié à cette culture et qu’il donnait des produits de qualité supérieure». Les paramètres climatiques de cette vallée jurassienne, de même que l’hygrométrie et la fertilité de ses terres, convenaient à merveille à une telle production qui constituait « la seule ressource essentielle d’un bon nombre de familles » (1882).

Sarclage – Enlever à la binette les mauvaises herbes présentes dans la culture.

Il n’empêche que la culture de ces plantes aromatiques requérait un terrain «bien labouré et convenablement fumé» (1864) et une main-d’oeuvre – surtout féminine – assez nombreuse pour assurer un sarclage et un désherbage constants.

Au moment de la prohibition de l’absinthe (1908-1910), le Val-de-Travers comptait une quarantaine de cultivateurs occupant près de 600 personnes, la bonne moitié de ceux-là se trouvant dans la commune de Boveresse.

Aujourd’hui

Dès le printemps 2002, une trentaine d’ares de grande absinthe ont été remis en culture au Val-de-Travers par quatre agriculteurs, cela en vue de l’obtention d’une AOP ou AOC ou IGP pour l’extrait distillé dans la région par les distillateurs de cru patentés.

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